LA PIECE DE THEATRE
Ecrit par Jean-Luc Lagarce, 2000
Cote : 842 LAG (Pôle Littératures et Langues)
De Kafka à Stieg Larsson, l’auteur de la trilogie Millénium, nombreux sont les auteurs qui ne purent apprécier la notoriété de leur vivant. Jean-Luc Lagarce est l’un de ceux-là. Mort du SIDA en 1998 à l’âge de 38 ans, ce Franc-comtois fut pourtant un auteur prolifique. En seulement 20 ans, il rédigea plus de 25 pièces de théâtre, et un Journal de sa vie, aujourd’hui étudié jusque dans les lycées. Dramaturge, il fut aussi metteur en scène de ses propres pièces, et de celles d’auteurs qu’il admirait, comme Eugène Ionesco. Mais c’est véritablement son style inimitable qui le propulse comme auteur-phare des années 1990/2000. Il ne faut pas oublier qu’il est, aujourd’hui, l’auteur de théâtre français contemporain le plus joué dans l’Hexagone, et à l’international !
Ce qui fait de Lagarce un écrivain à part entière c’est sûrement sa pratique de la langue française, une écriture précise et juste. La poésie qui transparaît de Juste la fin du monde est sans nul doute la plus représentative de l’ensemble de son œuvre, comme si ce
texte était l’aboutissement de son écriture, le Saint Graal d’un auteur en recherche de perfection.
L’histoire est simple pourtant, celle d’un fils, d’un frère, qui retourne chez lui pour annoncer sa mort imminente. L’histoire de Louis, un artiste reconnu qui, confronté à une famille qu’il a quittée depuis 20 ans, n’arrive pas à exprimer sa peine et son désarroi. Le protagoniste jongle alors entre la joie mélancolique d’une sœur, la jalousie triste d’un frère, la bienveillance d’une belle-sœur et la compassion d’une mère. Bien que le texte soit fait de multiples dialogues croisés, les mots justes, ceux qu’il est nécessaire de dire lors de retrouvailles, ne sont, eux, jamais prononcés.
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La pièce entre au répertoire de la Comédie-Française en 2007 avec une mise en scène de Michel Raskine.
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Jean-Luc Lagarce a fondé en 1992 la maison d'édition Les Solitaires intempestifs.
LE FILM
Réalisé par Xavier Dolan, 2016
Cote : F DOL (Pôle Musique, Cinéma, Arts et Loisirs)
L’adaptation de l’œuvre de Lagarce par le génie québécois Xavier Dolan, est le résultat d’un processus long et fastidieux qui aboutira pourtant à un Grand Prix à Cannes et à trois César. Xavier Dolan, réalisateur de Tom à la ferme et de J’ai tué ma mère, découvre Lagarce grâce à l’actrice canadienne Anne Dorval, qui incarne plusieurs de ses personnages dans ses films, notamment dans l’incroyable Mommy. Le réalisateur et auteur québécois est d’abord hermétique à la langue du dramaturge français, il affirme même avoir eu un « blocage intellectuel ». Pourtant, après le succès mondial de Mommy, il revient vers Juste la fin du monde, sentant la proximité de cette écriture avec son style cinématographique. Dès lors, il se replonge dans le texte qui l’avait si peu touché pour y découvrir une vraie proximité avec les thèmes de ses films précédents : la famille, la maladie, l’homosexualité et une profondeur sociale réaliste. À l’instar de Baz Lurhmann pour Roméo+Juliette, Dolan souhaite faire un film à partir du texte, en respectant au mieux l’écriture de Lagarce, et ainsi en dégager une puissance cinématographique. Dolan dira d’ailleurs « l’édulcorer aurait été banaliser Lagarce ». Dans cette adaptation fidèle donc, Louis est joué par Gaspard Ulliel, le frère par Vincent Cassel, la sœur, Suzanne, par la James Bond girl Léa Seydoux, et la mère par Nathalie Baye. Bien que l’histoire soit transposée au Canada, les racines françaises de ce film se retrouvent partout : chez les acteurs, dans le texte original, dans la langue, et même dans la musique grâce au compositeur oscarisé Gabriel Yared. Tout cela ressemble à un vibrant hommage rendu par Dolan à la langue française.
Raphaël Besnard
Pour réaliser l'une des affiches du film, Xavier Dolan a fait appel à l'artiste québécois Olivier Morin, qui en plus d'être peintre, est comédien depuis plus de 15 ans et a notamment joué dans Tom à la ferme et Les amours imaginaires.
À peine le Festival de Cannes 2015 achevé, Xavier Dolan, alors membre du Jury, s'envolait pour Montréal pour commencer à tourner Juste la fin du monde. Le tournage intense a duré seulement 10 jours.
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