mardi 3 juillet 2018

ZOOM sur...

L'adolescence au Japon

Quelle jeunesse au Japon ? Dans une société où 1 personne sur 4 a plus de 60 ans, quelle place laisse-t-on encore à la jeunesse ?


Une société exigeante professionnellement
Après vingt ans de stagnation économique, la réussite professionnelle est aujourd’hui un impératif pour les jeunes alors que le chômage sévit de façon croissante. 
Le nombre de jeunes de 18 à 34 ans qui n’arrivent pas à trouver un travail stable ne cesse d’augmenter.

Des discours natalistes
Le taux de fécondité est un des plus bas du monde. Les femmes sont donc encouragées à faire des  enfants mais les places en crèche sont rares et chères, et il est encore mal vu pour elles de retourner travailler après avoir eu un enfant.




« L’amour ne m’intéresse pas … »
Près du tiers des jeunes célibataires ne semblent pas intéressés par l’amour et plus de la moitié déclarent n’avoir eu aucune relation amoureuse.
Pourquoi ?
• La difficulté à communiquer, propre à cette catégorie de la population qui reste figée par la peur de l’échec.
• Le manque d’argent qui crée un clivage social entre ceux qui ont un bon emploi et les autres. 
• Le développement des services proposés par Internet renforce l’iso-lement des jeunes.


Des relations hommes-femmes soumises à des règles rigides
Le mariage est encore destiné à légitimer les relations hommes-femmes. Quant au désir, il est souvent refoulé.

Un mystérieux mal de vivre  : Les Hikikomori
On compte un million de jeunes japonais concernés. Ce sont principalement des hommes entre 18 et 30 ans qui vivent coupés du monde. Cloîtrés le plus souvent dans leur chambre pendant plusieurs mois ou années, ils ne sortent que pour satisfaire aux impératifs des besoins cor-porels. Ni grabataires, ni autistes, ils se sentent accablés par la société. Pression sco-laire, puis période d’étude difficile et pour finir con-ditions de travail très rudes expliquent ces replis sur soi.

Une existence strictement réglée mais un peu assouplie
La société nippone est toujours régie par des règles et conventions complexes. Celles-ci tendent toutefois à s’assouplir avec notamment l’émer-gence de l’individualisme qui concerne les jeunes : « Nous pouvons désormais réaliser nos rêves ».

Mais hausse du moral des jeunes japonais 
Même si le suicide est toujours la première cause de décès chez les 15-39 ans, ils se disent plus satisfaits de leur vie que ne l’étaient leurs parents. C’est pourtant la hausse du prix des logements qui explique en partie cette relative satisfaction car la plupart des jeunes restent vivre chez leurs parents. Ils ont ainsi plus d’argent pour leurs loisirs malgré une croissance économique anémiée.

ZOOM Sélection (Livres)

MARIAGE FORCÉ

En 1919, des Japonaises partent aux États-Unis rejoindre  des compatriotes auxquels elles sont promises. Bercées d'illusions, elles vont endurer de cuisantes déceptions face à des maris brutaux, la xénophobie, un travail harassant et la barrière de la langue. Lors de la Seconde Guerre mondiale, suspectées par le pouvoir, elles sont enfermées dans des camps de concentration.

Julie Otsuka
Phébus, 2012
Cote : R OTS


DICTATURE

Sur l'île où vit une jeune femme romancière, des choses, des personnes, des émotions s'effacent. Les rares personnes qui gardent un souvenir de ce qui a désormais disparu sont traquées. Justement, à la lecture de son dernier texte marqué par des souvenirs inconscients, l'éditeur de la romancière va se montrer particulièrement ému.

Yoko Ogawa
Actes sud, 2009
Cote : R OGA


ODYSSÉE

Au Japon, Kafka Tamura, un jeune Tokyoïte, s'enfuit de chez lui. Une nuit, il se réveille dans un bois couvert d'un sang qui n'est pas le sien. Il trouve refuge dans une bibliothèque. Parallèlement, un vieil homme simple d'esprit mais capable de converser avec les chats, Nataka, rencontre un effroyable personnage. Il se met à la recherche de Kafka. 

Haruki Murakami
Belfond, 2006
Cote : R MUR


CONTE CRUEL

Au Japon dans un village isolé du bord de mer, Isaku, 9 ans, est devenu le chef de famille depuis que son père est parti. Alors qu'une tempête menace, on confie à Isaku le soin de surveiller les feux qui ont été allumés conformément à la tradition. Mais l'enfant s'aperçoit qu'il s'agit d'une manœuvre pour naufrager les bateaux à la recherche d'un abri et récupérer leur cargaison.

Akira Yoshimura
Actes sud, 1999
Cote : R YOS


ANTHOLOGIE

Une découverte de Kyoto, lieu de contemplation et de méditation, entre tradition et modernité, à travers les textes de Japonais ou d'étrangers découvrant la ville : Bashô, Shikibu, Kawabata, Yoshihiro, Paul Claudel, Maurice Pinguet, Graham Pakes, Marguerite Yourcenar, Chantal Thomas, Nicolas Bouvier, etc.

Textes choisis et présentés par Allen S. Weiss
Mercure de France, 2012
Cote : LIT 808.803 GOU


DÉCOUVERTE

Lucrèce, 15 ans, déménage au Japon avec sa famille. Elle n'y voit pas d'incon-vénients mais l'adaptation est plus difficile que prévue face au choc culturel. Elle peine à trouver sa place et à se faire des amis. Lorsqu'elle découvre dans le local à poubelles de son immeuble un sac rempli de partitions de grande valeur, elle décide d'enquêter pour retrouver son propriétaire. 

N.M. Zimmermann 
Albin Michel, 2016
Cote : J ZIM ADO

ZOOM Sélection (Films)

TUER POUR SURVIVRE


Dans un avenir proche, les élèves d'une classe de 3ème du collège Shiroiwa ont été amenés sur une île déserte par une armée mystérieuse. Un adulte surgit tout à coup devant eux : leur ancien professeur Kitano. Il leur annonce qu'ils vont participer à un jeu de massacre dont la règle consiste à s'entretuer. Seul le dernier des survivants pourra regagner son foyer.

Battle Royale
Réal. Kinji Fukasaku , 2001
Cote : F FUK




MANGA CULTE

Dans un Japon futuriste régi par l'Internet, le major Motoko Kusunagi, une femme cyborg ultra-perfec-tionnée, est hantée par des interrogations ontologiques. Elle appartient, malgré elle, à une cyber-police musclée dotée de moyens quasi-illimités pour lutter contre le crime informatique.

Réal. Mamoru Oshii, 1995
Cote : F OSH



ANIMATION FANTASTIQUE

Au XVème siècle, durant l'ère Muromachi, la forêt japonaise, jadis protégée par des animaux géants, se dépeuple à cause de l'homme. Un sanglier transformé en démon dévastateur en sort et attaque le village d'Ashitaka, futur chef du clan Emishi. Touché par le sanglier qu'il a tué, celui-ci est forcé de partir à la recherche du dieu Cerf pour lever la malédiction qui lui gangrène le bras.

Réal. Hayao Miyazaki, 2000
Cote : F MIY



MORTELLE CASSETTE

Un soir, seules à la maison, deux lycéennes se font peur en se racontant une mauvaise blague. Une étrange rumeur circule à propos d'une cassette vidéo qui, une fois visionnée, déclenche une terrible malédiction : une mort annoncée sept jours plus tard. Après le décès de sa cousine Tomoko Oishi, Reiko Asakawa, une jeune journaliste, enquête, mais très vite le maléfice la rattrape.

Réal. Hideo Nakata , 1998
Cote : F NAK



ÉCHANGE

Ryoata, un architecte obsédé par la réussite professionnelle, forme avec sa jeune épouse et leur fils de 6 ans une famille idéale. Tous ses repères volent en éclats quand la maternité de l'hôpital où est né leur enfant leur apprend que deux nourrissons ont été échangés à la naissance : le garçon qu’il a élevé n’est pas le sien et leur fils biologique a grandi dans un milieu plus modeste.

Réal. Hirokazu Kore-eda, 2013
Cote : F KOR



CRUELLE GUERRE

Après le bombardement de Kobé, Seita et sa petite soeur s'installent chez leur tante à quelques dizaines de kilomètres de chez eux. Celle-ci leur fait comprendre qu'ils sont une gêne pour la famille et doivent mériter leur riz quotidien. Ils décident de partir et se réfugient dans un bunker désaffecté en pleine campagne. Mais bientôt la nourriture commence cruellement à manquer.

Réal. Isao Takahata, 1998
Cote : F TAK


Témoignages : des Furansugo au Japon

L' équipe de ZOOM a recueilli des témoignages de touristes ayant visité le Japon. Et tous s'accordent à dire que les Japonais sont courtois, les paysages sublimes et la nourriture raffinée. Peut-être aurez-vous envie aussi d'y faire un tour ?


Julie et Nicolas ont passé 6 jours au Japon, en novembre 2016, pour leur voyage de noces
Quelles  villes avez-vous visité ?
Seulement Tokyo.
Quels souvenirs gardez-vous de votre séjour ? 
De très bons souvenirs. Le décalage entre le fourmillement de la ville et le calme des temples et des parcs est très impressionnant. La vie culturelle est très riche et on y trouve son compte, que l'on soit amateur d'histoire, de nouvelles technologies, d'architecture ou de gastronomie.
Qu'avez-vous mangé de plus original ? 
Nous sommes allés dans un restaurant qui ne servait que des plats à base de tofu (soupe au tofu soyeux, tofu de sésame, tofu frit et tofu glacé à la prune...). C'était étonnant et très bon.
Qu'avez-vous apprécié durant votre séjour ?
La ville est dépaysante, impressionnante et foisonne de choses à faire et à voir. Les gens sont très polis et serviables envers les touristes.
Qu'avez-vous le moins apprécié ?

Du livre au film : Mémoires d'un geisha

Le livre

Écrit par Arthur Golden, 1997
Cote : R GOL



Yoroido : un modeste village de pêcheurs dans le Japon des années trente. La petite Chiyo-chan y mène une enfance pauvre mais heureuse entre ses parents et sa grande sœur, Satsu. Mais un cancer ronge en silence les os de sa mère, sur le point de mourir. Le père est si vieux et déjà si perdu qu'il accepte la proposition de M. Tanaka : les deux jeunes filles partent bientôt pour Kyoto, parmi d'autres enfants vendus. Chiyo-chan deviendra Sayuri, l'une des geishas ou courtisanes les plus appréciées de la ville, excellant dans l'art du chant, de la danse et de l'amour, maîtrisant parfaitement la science de la toilette et du thé. 

Le roman d’Arthur Golden, présenté sous forme de mémoires, décrit le parcours initiatique d’une geisha dans la première moitié du XXème siècle. Le lecteur est plongé dans la culture japonaise et s’attache très vite à Sayuri que l’on suit tout au long du récit. Son histoire invite à se questionner sur l’ambiguïté du statut de geisha et sur la condition féminine au Japon.


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Pour écrire son roman, Arthur Golden s’est fortement inspiré de conversations avec Mineko Iwazaki, une geisha de Kyoto qui s’est retirée du métier à 29 ans et qui a longuement raconté son expérience. Mécontente des libertés prises par l’auteur, elle décide d’écrire son autobiographie Ma vie de geisha en 2002.

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Les geishas existent depuis plusieurs siècles au Japon. Leur nom vient du mot « gei » qui signifie « art » en japonais. Ni épouses ni prostituées, ces femmes hautement respectées dans la société gagnaient leur vie en divertissant des hommes puissants par leur beauté, leur élégance et leurs dons artistiques. Elles existent encore aujourd'hui mais dans une proportion beaucoup plus faible.

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Arthur Golden est né en 1956 dans le Tennessee. Il obtient un diplôme en histoire de l’art japonais et une maîtrise en histoire du Japon dans les universités d’Harvard et de Columbia, où il apprend le mandarin. Son roman Geisha s’est vendu à plus de 4 millions d’exemplaires et a été traduit en 32 langues.

La cérémonie du thé

Astrid Lecornu est designer textile, elle est également artiste du fil et invente des univers très poétiques. Créer des passerelles entre les disciplines artistiques est sa passion, le Japon en est une autre.

Cela fait 8 ans que j'étudie et pratique Chanoyu, (littéralement en japonais «  l'eau chaude du thé » ou Sadô, la voie du thé, mieux connue sous l'appellation banalisée de « cérémonie du thé »).
Je parlerais plutôt « d'art du thé ou de voie du thé » car cette pratique touche toutes les facettes de la vie et peut devenir une façon de vivre à part entière. C’est un peu comme une discipline au quotidien.
Il s'agit de battre du thé en poudre (matcha) avec un fouet en bambou dans un large bol pour en faire soit une boisson mousseuse et légère (Usucha), soit un breuvage épais et dense (Koicha). Les deux formes sont bues lors d'une cérémonie complète (Chaji) selon un ordre établi et précis.


Étant grande amatrice de thé depuis mon enfance et aimant beaucoup la culture japonaise, Chanoyu était pour moi incontournable. C'est un carrefour de tout ce que j'affectionne et de toutes mes passions : l'art, le thé, le zen, la méditation, les goûts...
Parler et résumer cette pratique est très difficile, voire impossible, tant elle est vaste et globale. Au Japon, elle est tellement ancrée dans la culture depuis le XVème siècle qu'elle est omniprésente dans la société. Il y a plusieurs écoles ou courants, mais la principale, reconnue par l'état est Urasenke, dont la famille de maîtres de thé en est à sa XVIIème génération. L'actuel Grand Maître joue un rôle très fort au Japon et agit fortement dans les relations internationales.


J'étudie le thé de cette école à Paris et en banlieue. Ce sont des groupes de thé (Tankokai) qui naissent dans tous les pays du monde grâce à des professeurs qui veulent transmettre ce savoir ancestral.
Mon groupe s'appelle Seiryû, c'est le 111ème dans le monde ; il réunit la banlieue Est de Paris et la région de Nantes. Mon professeur, Mme Sylvie Guichard Anguis a vécu, étudié le thé et a eu ses diplômes de thé au Japon. Elle peut donc maintenant transmettre où elle le souhaite et ce dans les règles de l'art.



Chanoyu est pour moi aussi important que de respirer. Cela me guide et me suit au quotidien à tous les niveaux, et avec lui je sens que j'ai trouvé « ma voie ». Je sais maintenant que je le pratiquerai à vie et ce le plus naturellement possible. Chacun y trouve ce qu'il veut : l'amour du Zazen, celui des céramiques ou d'un autre art s'y rattachant. Cela peut aussi tout simplement aider à se recentrer et agir comme un véritable sport.

Je vous invite à aller sur le site de Seiryu (www.urasenke-tankokai-seiryu.fr) , et à découvrir cette pratique et cet art au musée Guimet ou à la Maison de la culture du Japon, qui font régulièrement des démonstrations ou des leçons.

Je recommande Le maitre de thé de Yasushi Inoué et Le livre du thé d'Okakura Kakuso.

Prix des Lycées de Rueil

Rencontre avec Orianne Charpentier

Le Prix des Lycées de Rueil 2018 a été attribué à Orianne Charpentier pour Rage. Les élèves ont rencontré l’auteur le 13 avril dernier à l’auditorium de la Médiathèque.

Rage raconte l’histoire d’une fille sans nom et sans passé. Pourtant, tout le monde comprend sa douloureuse enfance, la guerre, la violence des hommes. Réfugiée en France, elle croise un chien, dangereux, blessé, visiblement maltraité. Désormais, sa propre survie dépend de celle de l'animal.

Rage 
Orianne Charpentier
Gallimard-jeunesse (Scripto), 2017
Cote : J CHA ADO








Prix des Lycées de Rueil

Le prix de la critique 2018

Comme chaque année, dans le cadre du Prix des Lycées de Rueil, les élèves volontaires rédigent un texte d’expression libre sur un des romans de la sélection. Un jury composé de bibliothécaires, professeurs et documentalistes vote pour les trois meilleures productions. 

Le premier prix a été attribué à Louis Chanut, élève de seconde du lycée Passy-Buzenval, pour son texte inspiré du roman Metamorphosis : Houdini, magicien & détective de Viviane Perret (Éditions du Masque, 2016) :


La défaite du criminelle

"Metamorphosis est, je trouve, un bon livre. Mais certains de ses personnages sont décevants. Celui qui en est, à mes yeux, le parfait exemple est Yee Toy, personnage présent tout le long du récit comme un boo how doy/ assassin hors pair. Mais sa fin m’a beaucoup déçu. J'imaginais en effet, dès la présentation du personnage un affrontement ou une course poursuite épique entre lui et le personnage éponyme. Mais cela n'a pas été le cas ; en effet, quoi de plus décevant que de se faire surprendre et qu’une balle vienne se loger dans son épaule. Espérant une fin plus glorieuse, j’en rédige donc une à ma façon. Le passage ici narré, se passe juste après que Yee Toy a mis fin aux jours du jeune étudiant chinois.

Yee Toy était fou de rage, il avait échoué. Non seulement il s’était trompé de cible mais il avait été, de plus, blessé par son adversaire. Celui-ci avait été bien plus véloce et habile que prévu. Ce crime était raté en tout point : il n'avait pas respecté la procédure habituelle, il avait fait un bruit