mardi 27 octobre 2015

Ulysse, la web série à découvrir

Nicolas Nédellec (créateur, showrunner, réalisateur et écrivain), Emilien Paron (showrunner, cadreur, monteur et responsable musical) et Arnaud Huck (cadreur, monteur, responsable effets spéciaux) nous parlent d'Ulysse, la web série qu'ils ont créée.
 



Comment est née l'idée de créer la web série Ulysse ?
Nicolas : Ulysse est né d'une simple volonté de raconter une histoire. Je voyais plein de web séries arriver sur Youtube et Dailymotion (dont celles de copains) et ça a été comme une révélation. Faire un long métrage, c'est beaucoup trop de travail concentré sur une période trop courte et beaucoup trop d'argent, ce qui, avec notre configuration de base (boulot alimentaire en semaine et tournage les week-ends, participation bénévole...) n'était pas envisageable. Et le court métrage a ce côté "œuvre unique" qui contraint à développer une histoire  ou un concept très court sans rentrer dans le fond du sujet. Hors avec Ulysse, il fallait du temps et la possibilité de le faire à notre rythme. Donc la web série s'est imposée comme une évidence ! Ensuite, l'histoire est venue de manière assez simple, en mélangeant mes références, mes envies, des "expériences de vie" récentes (un mémoire sur "la figure de l'anti-héros dans le comic-book Hulk", la fin de la série Scrubs, la série Fringe, mon amour immortel pour Star Wars, quelques romans de Neil Gaiman et Steve Berry, la réception d'un courrier administratif totalement dégueu...). Cela m'a donné un début de trame pour Ulysse. L'histoire s'est considérablement complexifiée par la suite avec l'arrivée d'Emilien au scénario et les connais-sances visuelles d’Arnaud.

Comment avez-vous constitué l'équipe qui travaille sur Ulysse ?
Nicolas : Un ami m'a mis en relation avec Emilien et Arnaud qui cherchaient à participer à un projet audiovisuel. Je leur ai expliqué ce que j'avais en tête, ça leur a plu et très vite on a vu qu'on pouvait créer quelque chose de sympa. Côté acteurs, j'avais déjà rencontré Gabriel Fost (Ulysse). Le courant est très vite passé et sans m'en rendre compte, j'avais rencontré mon (anti-)héros. La suite du casting s'est faite par sites de rencontres artistiques (cineaste.org pour ne citer que lui) ou relations. D'ailleurs c'est toujours dingue de voir des gens qui ne vous connaissent absolument pas se lancer dans des projets comme ça avec vous, sacrifier des week-ends, soirées, jours de vacances, juste parce que notre histoire a "l'air cool". On l'a toujours affirmé et ça se confirme pour la saison 2 : une des plus belles réussites d'Ulysse, c'est le casting (et par là je sous-entends, la qualité des interprètes).

Avez-vous fait des études de cinéma ou d'audiovisuel ?
Emilien : Pour ma part j'ai fait des études d'ingénieur. Néanmoins j'étais dans une classe audiovisuelle au lycée, en association vidéo en école d'ingé et j'ai profité de certains stages d'écoles d’ingénieur pour aller travailler dans des boîtes audiovisuelles à l'étranger. Mais j'ai surtout appris en pratiquant, depuis les premiers films avec mes Lego jusqu'à des courts-métrages avec les copains. Cependant, je dois avouer qu'en deux ans avec Ulysse, j'ai plus appris qu'en 20 ans de vidéo amateur. Cela reste la meilleure école.
Arnaud : J’ai fait un DUT puis une Licence Audiovisuelle dans ma Lorraine natale pour me préparer au montage et à la réalisation. Pour le stage de fin d’année de Licence, j’ai réussi à intégrer l’agence McCann à Paris et à travailler sur le motion design et le montage des pubs TV pour ensuite être embauché. C’est comme ça que j’ai pu avoir mon réseau et me mettre à mon compte. Au final, peu importe l’école, c’est vraiment ce que l’on en fait et comment on l’utilise en dehors de son cursus qui compte. La meilleure école, c’est de tester plein de choses, de faire un maximum de projets et être directement sur le terrain.
Nicolas : J'ai fait un Master d'Etudes cinématographiques à Nanterre Paris X, ce qui est très bénéfique pour une approche théorique, mais pas pour "faire du cinéma". Du coup, j’ai effectué quelques stages dans différentes boîtes de production et d'édition vidéo/cinéma plus ou moins formateurs, puis j'ai développé une pratique autodidacte de la photographie histoire de gagner en compétences pratiques. Mais je rejoins Emilien, la meilleure école pour ma part reste Ulysse. Ça a été une très bonne façon de concrétiser les acquis scolaires et de voir ce qu'il me restait à apprendre et à perfectionner.



La musique a un rôle très important dans Ulysse. Comment choisissez-vous les morceaux ?
Emilien : En tant que grand amateur de musique, je me suis fait, au fil du temps, une grosse musicothèque. Dès que je découvre une musique potentiellement intéressante pour un type de scène, je la note et envoie un mail aux ayants droit pour essayer de négocier une utilisation gracieuse sur Youtube en échange de la non monétisation de nos vidéos ou d'une monétisation revenant exclusivement aux ayants droit. Il m'arrive parfois de ne pas avoir la musique que je veux dans ma musicothèque au moment de monter une scène, dans ce cas de longues recherches s'imposent jusqu'à trouver la musique s'adaptant le plus parfaitement (paroles, type d'instruments etc.). J'utilise des sites de musiques indépendants (Birp!, thesixtyone...). Et quand je ne trouve pas, il m'arrive de faire appel à nos compositeurs pour des créations originales ou des covers de musiques connues (c'est le cas dans l'épisode 5 de la saison 1 par exemple avec un remix de MikkyEkko). Mais nous avons aussi pas mal de thèmes d'accompagnement originaux créés par nos deux compositeurs Olivier Andrès et Wolfgang Godot.

Quel est le « modèle économique » d'Ulysse ?
Emilien : Aujourd'hui, tout le monde est bénévole et cela risque de durer un petit moment. Les revenus Youtube ne permettent pas de se payer plus que quelques pizzas par an (parce que peu de nos vidéos sont monétisées afin de pouvoir proposer des bonnes musiques comme expliqué plus haut). La saison 1 a été entièrement financée par nos propres moyens. Maintenant qu'on a commencé à avoir une base de fans solides, on commence à changer notre modèle économique en saison 2 en faisant appel au soutien des fans pour nous aider à financer la série. Si pour l'instant cela reste relativement modeste, cela nous a permis d'améliorer notre matériel et d'arrêter de perdre de l'argent. En tout cas, ce modèle économique de financement direct par les fans nous semble le seul viable aujourd'hui pour les web séries et  nous permet de conserver notre indépendance. C'est d'ailleurs le modèle économique utilisé aujourd'hui par la première web série francophone : Noob.

Comment faites-vous la promotion de votre web série ?
Emilien : La promotion de la série se fait principalement via les réseaux sociaux. Mais la meilleure promotion ce sont les gens qui nous suivent, qui partagent la série et en parlent autour d'eux. Si aujourd'hui nous avons réussi à sortir du lot, c'est grâce au bouche à oreille et à l'implication hallucinante de nos fans.
Arnaud : Le but est d’être toujours présent sur les réseaux sociaux, même entre  deux saisons, avec des photos, des making of, etc., et d’être en interaction per-manente avec les gens. On a créé le site d’Ulysse avec les épisodes et bonus, bien sûr, mais aussi des fiches sur les comédiens, les techniciens et surtout sur les personnages et tout ce qui est bon de rappeler sur l’univers de la série. Nous avons créé un blog aussi, avec plus de bonus, plus d’articles (sur la musique, les effets, etc.), avec un espace commentaires.

Quels conseils donneriez-vous à des jeunes qui veulent créer leur web série ?
Emilien : Ne pas chercher à produire toute une saison d'un coup mais tourner quelques épisodes puis les confronter à son entourage afin de pouvoir corriger les défauts sur les suivants. Ne pas s'appuyer que sur des amis mais avant tout sur des gens de talent (ne pas faire jouer ses amis non comédiens par exemple). Et faire attention à s'entourer de gens motivés et compatibles dans la constitution de l'équipe, car la web série étant la plupart du temps réalisée de façon bénévole, elle reste très fragile et un départ peut tout remettre en cause.
Nicolas : Prendre son temps, ne pas succomber à l'envie de faire au plus vite parce qu'on a hâte de voir son projet se concrétiser. L'équipe est très importante : les comédiens doivent être bons, c'est primordial, sinon vos personnages ne ressembleront pas à ceux sur le papier et toute la série peut en pâtir. À mon goût, techniquement, ce n'est pas essentiel d'être au top. Si vous n'avez pas le meilleur matos, vous pouvez quand même raconter une belle histoire. Confronter ses ambitions avec la réalité (ne pas annoncer une date de sortie alors que vous n'avez rien tourné...), faire des tests, ne pas hésiter à recommencer jusqu'à obtenir le résultat escompté, vous constituer une équipe qui marche autant techniquement qu'humainement. Et dès le début, savoir quel ton et quel style vous donnerez à la série (la cohérence scénaristique et artistique est importante pour que la série ait son style). Et si possible, connaître la fin de son histoire.

- www.ulysse-laserie.fr
- www.ulysse-laserie.fr/blog
- Facebook : Ulysse - la webserie



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