mercredi 1 octobre 2014

Battle de films : Yves Saint Laurent

Alors qu’une vague de biopics déferle au cinéma, deux versions de la vie du célèbre couturier arrivent la même année sur nos écrans : Yves Saint Laurent de Jalil Lespert, et Saint Laurent, de Bertrand Bonello. La guerre des films est déclarée !















En janvier dernier, on a vu Pierre Niney interpréter Yves Saint Laurent au côté de Guillaume Gallienne dans la version du réalisateur Jalil Lespert. Le 24 septembre, c’était au tour du film de Bertrand Bonello d’envahir les salles obscures avec Gaspard Ulliel dans le rôle titre. Une aubaine pour les passionnés de mode et de cinéma !
Si le premier illustre avant tout la relation à la fois amoureuse et professionnelle qui unit le couturier à Pierre Bergé, le second se concentre de façon plus romanesque sur une période clé de la vie d’Yves Saint Laurent : celle de la décennie qui lui a fait connaître la gloire (1967-1976). Difficile de les départager ? Zoom vous aide à y voir plus clair.

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Après ses débuts triomphants chez Dior, le jeune Yves Saint Laurent fonde sa propre maison de couture au début des années 1960. Emblème du chic et de l’élégance à la française, il révolutionne la mode féminine en reprenant les codes du vestiaire masculin. Il remet la saharienne au goût du jour, crée le smoking et le tailleur-pantalon pour femmes, réinterprète le caban et le trench-coat… Un riche panel de créations qui trouvent encore leur place dans le dressing de beaucoup de femmes d'aujourd’hui. Grand passionné d’art, le couturier français disparu en 2008 puise aussi son inspiration dans l’œuvre de grands artistes : après la célébrissime robe Mondrian en 1962, il élabore des collections en hommage à Picasso, Matisse, Van Gogh et bien d’autres.



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Yves Saint Laurent crée sa première collection « Trapèze » pour Dior à l’âge de 21 ans. C’est au même âge que Pierre Niney accède à la reconnaissance en devenant l’un des plus jeunes pensionnaires de la Comédie Française. Le talent n’attend pas le nombre des années !

Yves Saint Laurent

Réalisé par  Jalil Lespert (janvier 2014)Avec Pierre Niney, Guillaume Gallienne, Charlotte Le Bon …

De ses premiers émois en matière de mode à sa célèbre collection « Ballets Russes » (1976), le film de Jalil Lespert retrace la vie du couple Saint Laurent – Bergé avec un sérieux souci d’authenticité. Grâce au soutien « officiel » de l’ancien compagnon du créateur et de la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent, l’équipe du film a pu avoir accès aux véritables robes des collections et à des croquis originaux. Les lieux qui ont fait l’intimité du couple comme leur appartement de la Rue Marceau ou le Jardin Majorelle à Marrackech ont pu être utilisés pour le tournage. Même les lunettes portées par Pierre Niney sont celles que portait le couturier de son vivant !
L’alchimie du couple d’acteurs talentueux de la Comédie Française et la fraîcheur de Charlotte Le Bon participent pour beaucoup à la réussite du film.

Saint Laurent

Réalisé par Bertrand Bonello (septembre 2014)
Avec Gaspard Ulliel, Jérémy Renier, Louis Garrel, Léa Seydoux …

Ce second film présente le créateur de génie sous un tout autre aspect que celui présenté par Jalil Lespert : « Nous n'étions pas intéressés à montrer comment Yves Saint Laurent est devenu un génie. Nous voulions montrer ce que cela lui a coûté chaque jour d'être qui il était, et c'est pourquoi, au début du film, il est déjà une star ». Plus sulfureux et plus romanesque, Saint Laurent s’éloigne de la tradition du biopic et de la linéarité historique.
La qualité esthétique chère au réalisateur de L’Apollonide (récompensé par le César de la meilleure photographie en 2012) promet d’être au rendez-vous. Si le grand public n’a pas encore pu découvrir le film, tous les critiques de cinéma s’accordent à dire que la version de Bertrand Bonello se distingue par sa qualité visuelle et que Gaspard Ulliel est éblouissant de génie et de sensualité. N’oublions pas que le film a été nominé pas moins de neuf fois au Festival de Cannes… Un gage de qualité !

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Lourdement critiqué par Pierre Bergé qui a refusé de donné son aval, le film de Bertrand Bonello a rencontré de gros problèmes de financement et de production. Le compagnon du couturier décédé a même déclaré : « Je détiens le droit moral sur l’œuvre d’YSL, son image et la mienne, et n’ai autorisé que Jalil Lespert à l’exploiter ». Le Saint Laurent de Bertrand Bonello a bien failli ne jamais voir le jour !

Clémence Robuchon

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