« Le 6 juin, j’étais réveillé aux aurores par un
torrent de moteurs. Des jeeps, des buggys, des blindés par centaines arrivaient
à Arromanches par une petite route de campagne. Ce convoi de passionnés, pour
la plupart civils, devait envahir la plage depuis l’intérieur d’un pays, sauvé 40
ans plus tôt par l’extérieur. Ce matin, la mer était calme, le temps clair :
les conditions idéales pour parader et évoquer la tourmente dans laquelle des
milliers d’hommes ont débarqué sous le feu nourri des Allemands.
Le 6 juin 2014, Arromanches est en fête, les touristes torpillent au Canon chaque armure de véhicule, chaque fusil poli, chaque uniforme repassé et brillant. L’armada des vrai/faux militaires est belle : c’est la star des commémorations. Quelles drôles d’images aurions-nous eu si, sur les plages sanglantes du débarquement, chaque G.I. avait pu photographier les éclats et le chaos
Aujourd’hui, en marchant parmi les festivités, je suis le
témoin d’un monde neuf et en paix, avide de spectacle et de cornets de glace. N’empêche :
tout m’impressionne, ces lourdes pièces d’acier qui fanfaronnent sur leurs
chenils ; ces canons où je peux glisser mon bras ; ces chiffres, ces
murs de chiffres vertigineux, qui racontent la quantité d’hommes, de bateaux,
d’armes, de litre de fuel, de bombes, de héros.
De cette époque déjà lointaine pour moi, il me reste le
souvenir, amusant et terrible, le souvenir que je me fabrique avec les quelques
débris de la mer et les machines survivantes, et que je couds entre les films
de Hollywood et les cahiers d’Histoire. »
Voici quelques pièces rapportées de cette journée triste et
merveilleuse : www.moquine.com/photos/dday70
Auteur : Moquine
Photographe et réalisateur habitant à Rueil-Malmaison,
Moquine aime traquer les émotions qui se cachent derrière le masque social. Découvrez
son travail ici : www.moquine.com / www.griphe.com
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